mercredi 20 octobre 2010

Montée vertigineuse de la cybercriminalité en Afrique

Quand la jeunesse africaine refuse l’éducation au profit du vol par les Tics

Le phénomène regrettable de la délinquance par les tics se situe aujourd’hui à un rythme qui recommande aux spécialistes des questions de sécurité par le net de repenser les mesures entre temps envisagées pour lutter contre ce phénomène qui conduit la jeunesse africaine dans le gouffre. A travers cette enquête, nous avons fait parler les acteurs de cette pratique pour vous permettre d’en savoir davantage sur le mode de fonctionnement de ce ‘’boulot’’, écouté les autorités en charge de la sécurité sur ce qu’ils pensent de cette tragédie qui s’enracine dangereusement au sein de la jeunesse africaine.

Sylvestre SOSSOU

B. est un jeune élève en classe de première dans un lycée à Porto-Novo (capitale béninoise). Entre temps reconnu pour se soumettre aux petits boulots dans le quartier dans le but de survenir à ces besoins et de continuer les études malgré son état d’orphelinat, il surprend ses camarades de quartier en sortant d’un véhicule Nissan un matin. « Cela nous a tous étonnés quand il est venu avec ce véhicule et qu’il nous demande de le suivre pour ‘’l’arroser’’ dans une buvette à côté » témoigne l’un des jeunes présents le jour de cette démonstration de force du jeune élève. Suite à cela, après bien de rumeurs, il a été révélé que ce jeune propriétaire de véhicule depuis un moment suivait un Nigérian avec qui il passait de cyber en cyber dans la capitale. Seulement, quelques mois après, le jeune a été arrêté et jeté en prison pour escroquerie par le Net. Ces voisins ont fait savoir qu’il a été arrêté un lundi matin dans une banque par les forces de sécurité publique alors qu’il était avec l’enfant de sa sœur dans son véhicule et s’apprêtant à faire un retrait de fonds. Des cas sont multiples où ces jeunes ne vont plus à l’école. Un professeur de collège nous confie l’histoire d’un jeune renvoyé d’une école publique et qui est venu lui demander de mener des démarches afin qu’il puisse être accepté dans un collège. L’enseignant a réussi finalement à lui trouver de place dans un collège privé après qu’il a déboursé gros pour ‘’corrompre ‘’ la chaîne de direction. Seulement, l’enseignant s’est dit surpris du comportement de cet élève qui, après quelques jours de présence dans sa classe, ne s’est plus présenté dans cet établissement. C’est, après son arrestation, qu’il a appris beaucoup de choses sur l’intéressé. Des sources proches de ces ‘’cyber-criminels’’ révèlent que dans le but de tromper la vigilance des forces de sécurité qui rodent par des patrouilles inopinées autour des cyber la nuit en y arrêtant des suspects. Ce qui amène certains à se munir régulièrement d’une carte d’étudiant ou d’élève pour faire croire qu’ils font des recherches d’études sur le net. Malheureusement, ces Cyber cafés remplacent aujourd’hui les études et autres centres de formations dans bon nombre de pays africains pour la jeunesse. Sortis de la maison chaque matin, ils vont envahir les Cyber Cafés dans le seul but de ’’ poser des pièges ‘’ en arnaquant des naïfs qui sont nombreux à tomber facilement dans ces appâts virtuels. Malgré toutes les sensibilisations qui continuent d’être faites sur le phénomène, ces ‘’vendeurs’’ trouvent toujours ‘’acheteurs’’. Ils ont de l’ingéniosité et s’en servent pour tromper allègrement des cybernautes en y allant par diverses stratégies.

Prince héritier, l’astuce la plus utilisée par les arnaqueurs

Pour vite faire réagir leurs cibles, ils envoient bien souvent des correspondances dans lesquelles ils se passent pour être prince héritier, fils d’un président de la république déchu où ayant été victime de coups d’Etat. Ou encore veuve d’un ancien président. En voici une des correspondances régulièrement envoyées dans vos boîtes et qui tombent souvent dans vos spam : « Très cher, Je suis Mme KABIE ELVIRE d'origine TCHADIENNE
J'étais mariée à Mr KUMAR GARY WATERMAN d'origine INDIENNE qui a travaillé avec le HCR(haut commisariat des refugies)en cote d'ivoire pendant neuf ans avant qu'il ne decède en 2002। Nous étions mariés pendant onze années nous avions eu 1 enfant quelque annee avant sa mort. Il est mort après une brève maladie qui a duré seulement quatre jours. Avant sa mort nous étions tous les deux de fervents chretien .A sa mort , j'ai décidé de ne pas me remarier ou obtenir un enfant en dehors de ma maison matrimoniale chose que defend la BIBLE.Du vivant de mon défuntmari, il a déposé la somme de 3.7 Millions $ americain (tois millions sept cents mille Dollars americain)dans une compagnie de sécurite privée ici en Côte d'Ivoire.Actuellement, cet argent est toujours avec cette compagnie.
Récemment, mon docteur m'a informé du fait que je souffrirais d'une maladie sérieuse: le cancer. La maladie qui me dérange le plus est l'hypertension. Après avoir su mon état j'ai décidé de donner ces fonds à une EGLISE ou à une personne qui utilisera cet argent tel que je l'instruirais. Je recherche donc une EGLISE ou une personne de confiance qui mettra ces fonds aux services des orphelinats, veuves, propageant ainsi la parole de DIEU et faire en sorte que l'oeuvre de DIEU soit maintenue. La BIBLE declare qu'est bénie la मैं qui donne।Il faut aussi notez que mon enfant est encore très jeune et je veux pas mourrir sans savoir qu'il est dans de bonne main.J'ai pris cette décision parce que je n'ai personne a qui confier mon enfant.Alors si vous pensez pouvoir me venir en aide tout en voulant bien accepter mon enfant comme le vôtre.De qui vous prendrez soin comme le vôtre, je suis à votre disposition.
Mon mari était indien et je n'ai jamais eu l'occasion de connaitre ses
parents.Moi egalement je n'ai aucun parents proche seule quelques cousines lonitaine en qui je n' ai aucune confiance. raison pour laquelle je prends cette décision.
Je ne crains point la mort par conséquent je sais que je vais rejoindre le pere celeste . Je sais que je vais être dans le royaume de DIEU .Un verset du BIBLE dit-ce :"DIEU défendra ma cause et je demeurerai dans sa paix".
Dès que je reçois votre réponse je vous enverrais le contact de cette compagnie à abidjan. Je joindrai également une lettre d'autorité qui vous prouvera que je suis le bénéficiaire actuel de cet argent. Je veux que vous et votre Mosqué prie toujours pour moi afin que DIEU soit toujours mon berger.
Mon bonheur est que j'ai vécu une vie de digne CHRETIENNE. Celui qui veut servir DIEU doit le servir dans l'esprit et la vérité. Veuillez
demeurer dans la prière toute votre vie.
Veuillez me rassurer que vous agirez en conséquence comme je l'a i évoqué ci-haut. Tout en espérant recevoir votre réponse que DIEU
vous benisse. Actuellement, je reside dans un hotel d'abidjan en Côte d'Ivoire.
Vôtre soeur, »

C’est exprès que le courrier a été publié tel qu’il a été envoyé dans une boîte électronique dans le seul dessin de tromper le destinataire. Des exemples sont légion et les stratégies variées. La religion étant l’opium du peuple, ce texte touche facilement les âmes ciblées,qui ne réfléchissent plus longtemps pour déballer des liasses en direction de ces voleurs.

Le gayé, ou l’argent des ancêtres selon les criminels du net

Au Bénin, cette pratique de vol organisé par le net est appelé le ‘’gayé’’. Selon Paul F. , le phénomène n’est pas dirigé contre les noirs. C’est par accident que certains frères noirs tombent dans notre piège révèle ce dernier. Il affirme ironiquement que l’argent qu’il détourne des blancs constitue le dédommagement lié à la traître nègrière qu’avait subi leurs ancêtres. L’ampleur que prend aujourd’hui le phénomène au Bénin donne l’impression que bon nombre de personnes tombent facilement dans ce piège pourtant évitable. Bien souvent, le texte qu’ils envoient est mal cousu, jonché de faute de toutes sortes et presque un copier-coller envoyé à un millier de personnes. Au nombre des stratégies actuellement en vogue se trouve celle qui consiste à ces escrocs à se faire passer pour une femme. Et cela fait souvent rire dans les cyber où à l’appel de leurs cibles, ils changent de voix, parlent comme de vraies femmes et convainquent leurs interlocuteurs qui ne tardent plus à leur envoyer de l’argent sous prétexte qu’ils (se passant pour femme) vont les rejoindre très bientôt.

Déjà des dégâts qui dépassent l’entendement

Au Bénin, toutes les belles infrastructures ont déjà servi de piège où ces escrocs qui ont soutiré des millions de francs aux blancs. C’est ainsi qu’on parle dans la capitale économique du Bénin de la vente du stade de l’amitié, de la place de l’étoile rouge. Le dernier scandale a eu lieu à Porto-novo, capitale politique en reconstruction où un promoteur hôtelier qui est presque en fin d’achèvement des travaux de construction d’un bel hôtel dans cette ville vient d’être victime du phénomène où déjà, son flambant hôtel est déjà en négociation de vente par les ‘’esprits du net’’ qui auraient déjà perçu une première avance. Un agent en service dans une institution républicaine nous a confié qu’il lui a été proposé d’accepter se faire saluer par un inconnu au moment où le président de l’auguste institution serait venu un matin et qu’il serait dans la délégation qui l’accueille. Un autre témoignage nous fait apprendre qu’on voudrait de la personne, un simple agent, là aussi, dans une institution qu’il réussisse à s’asseoir dans le bureau du président de l’institution pour recevoir simplement en une minute un blanc contre de fortes sommes d’argent. Selon des informations recueillies du service d’information de la chambre de commerce et d’industrie du Bénin, des dizaines d’appel sont reçus de l’Europe pour vérifier si telle entreprise existe sous tel nom au Bénin. L’agent nous révèle qu’il n’a jamais eu une vraie adresse d’entreprise dont la demande a été vérifiée. La dernière en date, il s’agit d’un fournisseur qui s’apprêtait à envoyer 8 millions de francs CFA et des échantillons d’articles pour leurs promotions en Afrique. Anatole qui nous raconte sa mésaventure a été aussi victime du vol par Internet sur fonds de dénigrement. Pressé un jour, il n’a pas fermé sa boîte électronique avant de quitter le cyber. Malheureusement l’innocent ordinateur tombe dans les mains d’un escroc du net qui a tôt fait de changer le mot de passe empêchant désormais au vrai propriétaire d’ouvrir sa boîte. Ayant compris que le propriétaire des fructueuses relations à l’intérieur comme à l’extérieur entant que cadre travaillant dans une grande structure de la place, l’escroc qui gère désormais cette boîte sélectionne de bonne adresses et envoie des courriers de demande d’aide à la place du vrai propriétaire pour des questions sociales très défavorables à l’innocent propriétaire de la boîte électronique compte tenu de son rang. C’est après que certains parmis les victimes l’appellent pour savoir s’il a pu régler son problème de santé ou le règlement de sa dette ? Cette situation ne cesse de déranger la victime qui n’arrive pas encore à avertir tous ses correspondants de la dépossession de sa boîte électronique.

La complicité des forces de l’ordre et l’inexistante des mesures de sécurité

Au regard de ce processus permettant à ces criminels par le Net d’aboutir à leur forfait, bien de soupçons pèsent sur les agents de force de l’ordre et de certains agents de banque qui seraient souvent membres de ces réseaux et qui leur facilitent la tâche. Sinon, comment comprendre que ceux-là vont retirer facilement obtenir des cartes d’identité et opérer tout allègrement des retraits dans des banques ? Jusque-là, aucune stratégie fiable n’a été exécutée pour décourager ces escrocs. Aucun moyen de surveillance informatique n’est prévu de même, les réseaux téléphoniques mobiles comme fixe ne sont pas rigoureusement recensés. Seulement, des sources proches des forces de sécurité ont le séminaire sur la cybercriminalité organisé par la délégation du Service de Coopération Technique Internationale de Police (SCTIP) de l’Ambassade de France au Bénin qui s’est déroulé du 8 au12 juin 2009 dernier a regroupé des policiers et gendarmes venus de dix pays de la sous-région (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Gabon, Nigeria, Ghana, Congo, Guinée, Mali, Togo et Niger). Deux experts de l’Office Central de Lutte contre la Criminalité liée aux Technologies de l’Information et de la Communication de la Direction Centrale de la Police Judiciaire française ont été les conférenciers de cet atelier. Aux termes des discussions, il a été reconnu par les participants et appuyé par le ministre béninois, M. Désiré ADADJA qu’aucun Etat n’est actuellement en mesure d’assumer seul la recherche et la poursuite de ses délinquants, sans une coopération commune. Il a été recommandé à ces Etats de se doter de police spécialisée et de revoir leurs textes législatifs qui puisse permettre de prendre la mesure de ce phénomène qui s’élargit et qui remplace depuis quelques années au sein de la jeunesse, l’école et la formation.

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