vendredi 5 août 2011

Crime contre les handicapes en afrique Afrique de l'Ouest

Les bossus quotidiennement pourchassés jusque dans leurs tombes

(Les militants des droits de l’Homme interpelés)

Comme pour les albinos dans certains pays d’Afrique, la chasse aux bossus prend de plus en plus de l’ampleur dans le continent noir surtout en Afrique de l’Ouest. Ces vilains chasseurs en quête de gain facile ont repris depuis peu du service où l’on a dénombré ces derniers mois au Bénin, de nombreux cas d’assassinat de bossus dans le but de leur extraire la fameuse bosse. Cet organe humain provenant de la déformation est transformé en une véritable pièce très prisée dans un marché secret et discret du Nigeria et du Ghana d’après certaines sources. Surtout, une certaine croyance laisse croire que la bosse en question est source de richesse et de puissances. Après avoir entendu des rescapés, des parents de victimes, des complices ayant décliné la prestation, les forces de sécurité intervenues plusieurs fois dans ces cas, l’on se rend compte que les auteurs vivent parfois avec les victimes. La psychose est ainsi permanente chez les bossus encore vivants et leurs parents.

Sylvestre Sossou

La presse réveille les béninois ce matin du 04 avril 2011 avec comme titre : « Un bossu retrouvé sans sa bosse et son cœur. Ce crime a été commis dans le nord du Bénin, dans la localité de Gogounou. Une fois rendu au champ, ce cultivateur a été retrouvé mort par la suite. Sans sa bosse et son cœur. Moins de deux mois plus tard, c’est un autre meurtre, cette fois-ci dans le Sud du Bénin, précisément à Ouidah où l’intéressé a été découpé en morceaux. Les différentes chaines de télévision béninoises ont à leur tour relayé ladite information en montrant des images choquantes où l’on a pu apercevoir des organes humains fraîchement découpés et déterrés grâce à l’intervention de la police. Ici, Il s’agit d’un jeune homme, la trentaine , vulcanisateur de son état qui a eu la malchance de croire son ami qui l’a appelé nuitamment lui demandant de venir pour une prestation. La victime, avant de quitter la maison a pris soin d’informer la maisonnée sur sa destination. C’est justement grâce à cette précaution qui ne l’a pas malheureusement fait éviter son meurtre que la piste de ses prédateurs a été vite détectée. Les trois assassins, tous, la trentaine ont affirmé qu’ils l’ont étranglé et roué de coups pour le tuer. C’est après cela qu’ils ont retiré la bosse en question et enterré ensuite le reste du corps dans la chambre de l’un d’entre eux. Ils ont déclaré avoir pris rendez-vous avec un homme devant venir du Nigeria et qui leur aurait promis la somme de 100 millions de francs CFA soit environ 200 mille dollars. L’acheteur de pièce d’homme n’a pu venir avant que les forces de sécurité ne retrouvent les assassins sur les lieux du crime. Seulement, les sources policières approchées ont affirmé que la victime n’était pas en réalité un bossu. C’est un handicapé qui a eu de malformation au dos. Au fil des années, ayant longtemps gardé le dos courbé, cette malformation s’identifie aujourd’hui à une bosse. Ces informations ont été apportées par les parents et appuyées par l’autopsie réalisée sur le corps dépiécé.

Une filière en Afrique de l’ouest

De sources proches de certains parents de victimes et de certaines structures, la bosse est une pièce que recherchent certains individus qui viennent souvent du Nigeria ou du Ghana. Un agent dans une morgue à Cotonou nous a révélé que des gens viennent souvent lui proposer de leur livrer la bosse des cadavres déposés dans leur établissement. « Je leur ai souvent répondu que les gens ne déposent pas de cadavre de bossu à la morgue ». Ce que certains parents de bossus ont confirmé. La raison est d’éviter de constater après, le vol de cet organe humain du parent décédé. « Ces hommes viennent souvent pendant les périodes de semences ou de récolte affirme M. Victorin Fagbohoun, président de l’ONG EPDI, une organisation basée dans la région du plateau au sud du Bénin et qui a commencé par faire un travail sérieux sur le terrain. Le chef de brigade de Kétou (commune du plateau) actuellement en poste a affirmé n’avoir pas enregistré des cas de meurtre sur bossus dans cette localité pourtant réputée être le site de prédilection de ces vils individus qui viennent souvent du Nigeria. Un enseignant originaire de Kétou nous a fait savoir l’une des stratégies souvent utilisées par ces ‘’marchands d’homme’’. « Comme c’est rare pour ceux-là de trouver facilement de complices, ils débarquent dans les villages où les travaux champêtres sont intenses et prétextent qu’ils cherchent à acheter de champs déjà semés comme c’est de tradition chez nous. Et quand ils finissent de vous convaincre en achetant ledit champ, leur régularité dans le village se trouve justifiée. Ils en profitent pour ‘’fouiller’’ le village où, à défaut de tomber directement sur un bossu, ils se lient d’amitié à un désœuvré qui peut facilement céder à un marché du genre » nous a raconté Pierre Adéléké. Avant d’ajouter que c’est bien d’années après que les populations ont compris le stratagème et restent désormais sur le qui-vive dès lors qu’elles ont un bossu ou autre handicapé dans leur village.

Deux bossus toujours portés disparus depuis des années

Dans le village de Kétou, il a été rapporté que des familles ont perdu leurs proches parents, bossus. Le dernier en date fut celui d’un homme, issu de la famille Mouléro dans le village de Igbon-Iloukan. Ils ont constaté jusqu’aujourd’hui, la disparition de leur fils. L’intéressé, de sources proches de la famille la quarantaine est déjà père. Mais, son infirmité qui a toujours préoccupé ses parents oblige ceux-ci de prendre toutes les précautions autour de lui. C’est ainsi qu’il n’est jamais laissé seul à la maison. Conscient que lors des travaux champêtres, la moindre attention peut coûter la disparition du pauvre bossu du fait que le danger est permanent autour de ces genres d’handicapé, les parents ont conçu une case au milieu de la brousse et à l’intérieur de laquelle un plafond est réalisé et qui permet de cacher le bossu. Malheureusement, c’était sans compter avec le flair de ces vils individus qui, d’après certaines sources se seraient fait aider par des proches de la famille. Il a été déporté et ce, depuis deux mois environ. Cas similaire cette fois dans la région de la vallée au sud du Bénin. Il s’appelle Djoï Houéssignakou domicilié à Banigbé Lokossa. Dépanneur de son état, il a disparu depuis plus de cinq ans ont révélé ses frères. Pour la plupart de ses parents et amis, Djoï aurait été déporté par des individus fréquentant la zone de Sèmè-kraké, une zone frontalière au Nigeria. Ce soupçon se justifie par le fait que l’intéressé a l’habitude de fréquenter cette zone pour ses activités. « Lorsque nous voulons constater sa disparition, il a d’abord fait plus de deux mois sans que l’on le trouve avant de revenir à la maison. Et deux jours plus tard, il est parti et cela fait déjà plus de cinq ans aujourd’hui » révèle un de ses frères.

Les bossus, même cadavres sont toujours des proies

M. Aniambossou Paul nous a confié que la tombe de son père, bossu, a été profanée au cimetière deux jours après son inhumation. Seulement, les auteurs n’ont pas pu commettre leur forfait avant qu’ils ne viennent découvrir les dégâts. « On a été obligé de l’exhumer du cimetière et l’enterrer à nouveau mais cette fois-ci dans sa chambre » nous a livré ce dernier. Il a surtout fait mention de ce que, pour cette nouvelle inhumation, il leur a été conseillé de creuser la fosse en profondeur. Ce qu’ils ont fait. Ensuite, le corps mis dans un cercueil a été posé d’abord au fond de la fosse avant d’être piqué et serré de terre rouge mélangée de cailloux. Cette fosse a été couverte de trois niveaux de béton et fortement dallée au dessus. Une mesure qui leur permet de sécuriser définitivement les restes de leur papa qui, du fait d’être bossu a été durant toute sa vie la proie à abattre et même cadavre, pourchassés se plaint ce fils. L’agent de la morgue rencontré avait fait savoir qu’il n’a jamais enregistré un dépôt de corps de bossu depuis six ans qu’il est recruté pour cette activité dans cette structure. Seulement, il a déclaré que l’un de ses prédécesseurs a été renvoyé pour avoir tenté de ‘’vendre’’ la bosse d’un corps déposé dans cette morgue. Ce qui donne à croire que de telles pratiques peuvent bien se mener dans les morgues avec les corps de bossus imprudemment déposés.

Les révélations de spécialistes et témoignage de bossus

Les bosses sont-elles vraiment sources de richesse ou de puissance ? L’on a tenté de tirer en vain la langue à certaines personnes dont les pratiques occultes donnent l’impression qu’elles peuvent être imprégnées de ces réalités et capables de donner des explications. I. E. est un grand guérisseur installé dans le village de Massè dans le Sud du Bénin (Plateau). Il avoue ne jamais utiliser d’organe humain dans ces pratiques. Seulement, il a affirmé avoir reçu un patient, un bossu jeté dans la rue après qu’ils lui ont troublé la mémoire. Il lui aurait pu fait reprendre la mémoire après d’intenses soins. Suite aux révélations de l’oracle, il a su qu’il avait été kidnappé de son village à Ifangni et pour être conduit dans un village frontalier à l’Est entre le Bénin et le Nigeria. Les auteurs auraient vérifié s’il possédait la vraie bosse. Cela serait révélé négatif et c’est ce qui aurait sauvé le bossu en question. Un autre féticheur affirme que les spécialistes de cette matière humaine ont le plus souvent un bâton magique avec lequel ils tapent à une certaine heure la bosse de leur proie. Si cette bosse est la vraie qu’ils recherchent, elle aurait l’habitude de sonner. La fausse ne sonne donc pas à ses dires. Sans pouvoir réellement révéler les raisons de cette pratique précisément sur les bossus, ils affirment néanmoins que cela devrait être pour des raisons de richesses ou de puissances. Régis A. est bossu et nanti de maitrise en géographie. Il a avoué connu d’énormes difficultés pendant son enfance : « Je ne sortais jamais seul et mes parents m’ont dit d’être attentif et prudent partout où je me trouverai » se souvient-il. Et il poursuit : « Quand je suis allé à l’université, ma mère a loué près du campus et je ne devrais pas faire seul la route surtout après 19 heures. C’est ainsi jusqu’à présent. Surtout, il m’a été défendu d’aller au niveau des frontières du Nigeria. Il paraît que c’est du Nigeria que nos kidnappeurs viennent. Mon souhait est que l’Etat fasse quelque chose pour nous protéger ». Régis n’a pas aussi manqué d’ajouter les injures dont il a toujours fait l’objet de la part de ses voisins. Il se rappelle que pour être à ses côtés sur le campus, sa maman s’est vu résilier par son premier propriétaire son contrat de location dès qu’il est apparu dans la maison : « Je ne veux pas être témoins ou personne ressource d’un meurtre sur bossu après » aurait dit le propriétaire se souvient-il.

Des actions pour éradiquer le mal

Aujourd’hui, le kidnapping des bossus est une réalité et qui prend surtout de l’ampleur. Deux cas sont souvent enregistrés. Ou les bossus sont tués sur le champ ou ils sont définitivement emmenés. Pour M. Romuald Djivoessoun, président de l’ONG Autre Vie, ses disparitions sont devenues très fréquentes et il faut que quelque chose soit faite pour éradiquer ce phénomène qui prend de l’ampleur à l’exemple des albinos dans certaines régions d’Afrique. « Je suis entrain de mener des réflexions dans ce sens où très prochainement, nous allons faire des actions d’envergure. Les militants des droits de l’Homme rencontrés au plan local ont promis tout mettre en œuvre en vue du vote d’une loi et de la réalité de conventions internationales pour protéger davantage les bossus au Bénin et dans les autres pays d’Afrique.