jeudi 10 juin 2010

Floraison des structures de placement d’argent au Bénin

Floraison des structures de placement d’argent au Bénin
Les dessous d’une manne poisseuse favorisée par la pauvreté grandissante
(Déjà des signes avant-coureurs d’un désastre)

L’ampleur que prend aujourd’hui le phénomène du placement d’argent au
Bénin fait rappeler les scandales des célèbres acteurs de ce système
que sont Madoff et Charles Ponzi, même si l’on n’en est pas encore là
dans ce pays. Seulement, les informations récemment recueillies
continûment recommande une grande méfiance vis-à-vis de ces maisons
dont certaines d’entres elles donnent déjà l’air de s’écrouler
lentement.
Sylvestre Sossou
Au crépuscule de ce jeudi 06 mai 2010, devant le service d’urgence du
centre hospitalier départemental de l’Ouémé situé à Porto-novo, se
trouve allongé sur un brancard un septuagénaire pour être conduit dans
la salle de réception des patients. L’homme semble souffrir de
palpitations aigues au vu des agitations qu’il manifeste sur sa
civière. Mais, nos curiosités ont permis de recueillir auprès des
parents de ce dernier, les causes de cette situation : « Il est tombé
évanoui quand on lui a demandé à ICC de revenir trois semaines après
pour prendre son argent. » Cette déclaration des parents a tôt fait de
lancer sur place, un débat sur la question du placement d’argent et
surtout sur la situation que vit depuis un moment, la structure ICC
Services dont a parlé l’un des parents du septuagénaire en question et
qui serait à la base de son malaise.
Gagner de l’argent facile par la vente de ses biens précieux
Aux dires du parent de ce patient admis au service d’urgence, l’homme
en question aurait vendu sa maison pour un montant de neuf(9) millions
de francs Cfa et aurait placé l’argent à ICC Services, la maison de
placement d’argent dont il est question. En effet, ICC Services est la
première structure installée au Bénin spécialisée entre autres, dans
le placement d’argent. D’après le mode de fonctionnement du placement
dans ce service et comme dans bien d’autres maisons, il existe
plusieurs grilles et parmi celles-ci, l’homme dont il est question ici
a opté pour le paiement trimestriel pour un taux de rendement ou
d’intérêt de 200%. Ce qui lui donne trimestriellement un rendement de
trois millions six cent mille (3600000) francs Cfa. La même source
indique qu’il était allé pour le premier rendez-vous ce jeudi 06 mai
quand on lui demande de revenir des jours après. Ce qui aurait
provoqué sur lui un choc terrible et qui le fait échouer dans un
hôpital. En dehors de ce cas rencontré à l’hôpital, beaucoup d’autres
témoignages ont été enregistrés auprès des clients sur le même service
de placement. Le point commun de ces différentes déclarations reste le
report de la date de paiement des rendements au niveau de ce service.
Pendant ce temps, les différents responsables de ce service rencontrés
dans les agences installés un peu partout dans les grandes villes du
Bénin évitent de faire la moindre déclaration à la presse. Toutes les
tentatives pour les entendre sur des révélations pourtant troublantes
sur leur structure sont demeurées vaines.
Un peu d’histoire sur le placement à fort taux d’intérêt
En effet, une littérature bancaire des éditions WEGELIN & CO raconte
sur les acteurs célèbres de ce système : «…………… Ressortissant italien
immigré aux Etats-Unis en 1903, Charles Ponzi promettait à ses
investisseurs du début des années 1920 des rendements de 50% sur 45
jours ou le doublement du montant investi en l’espace de 90 jours. Au
final, près de 40’000 investisseurs allaient répondre à l’appel et lui
confier un total de 15 millions de dollars. Comme source de cet énorme
rendement, Ponzi indiquait un arbitrage de devises entre le dollar et
la lire italienne, sur la base des timbres-poste alors couramment
utilisés comme moyen de paiement dans le commerce international de
marchandises. Le montant élevé pour l'époque, l’extravagance des
promesses de gain ainsi que le raffinement du système ont valu à Ponzi
de donner son nom à un schéma que beaucoup d’autres avaient exploité
bien avant lui et que l’on a retrouvé depuis dans de multiples
variantes. Mais avec Bernard Madoff, le schéma connaît aujourd’hui son
apogée, et au vu des 50 milliards de dollars donnés pour perdus, on se
demande si un changement de nom ne serait pas indiqué. En quoi
consiste un «schéma de Ponzi» du point de vue économique? Il s’agit
d’un système de paiements et de remboursements au centre duquel on
trouve ou plutôt on exploite un bilan surendetté. Ainsi, les
remboursements s’effectuent essentiellement grâce aux fonds
nouvellement versés; ceux-ci sont toutefois assortis de nouveaux
engagements, de sorte que le surendettement va en s’accroissant. Dans
la littérature (et notamment chez Klaus Spemann, 2004), on distingue
deux formes de chaîne de Ponzi, l’une maligne et l’autre plus ou moins
bénigne. Sauf remise en question fondamentale, la variante bénigne
pourrait en soi continuer d’exister pendant très longtemps. Il faut
pour cela que la liquidité du système perdure, ce qui n’est possible
que si la croissance de la dette (respectivement l’ampleur des
promesses) reste suffisamment limitée. Dans leur forme maligne en
revanche, les chaînes de Ponzi s’essoufflent d’elles-mêmes tôt ou
tard. Une «remise en question fondamentale» des schémas de Ponzi peut
être le fait des autorités qui constatent la situation de
surendettement, des participants qui exigent simultanément le
remboursement des montants investis, ou encore de l’instigateur de la
chaîne lui-même qui met le cap sur une île des Caraïbes avec ce qu’il
reste d’argent. Le plus souvent, le pot aux roses est découvert avant
cela, car il est dans la nature de la plupart des instigateurs de
chaînes de Ponzi d’accélérer le surendettement du bilan en raison de
leur mode de vie dispendieux et de tenter de ce fait d’attirer de
nouveaux capitaux par des promesses franchement imprudentes. Quelles
sont les similitudes entre le schéma de Ponzi et un système boule de
neige? D’une part, l’illusion d’un rendement économiquement absurde
fondée sur des promesses, et de l’autre, l’absence de création de
valeur au sein du système. Mais contrairement au schéma de Ponzi, le
système boule de neige se nourrit de la discipline solidaire de ses
participants (raison pour laquelle il est également appelé à
s’effondrer, comme on l’a dit plus haut); le système boule de neige
expose à ses participants son mécanisme fondé sur une croissance
exponentielle, tandis que l’instigateur d’une chaîne de Ponzi agit à
couvert et centralise l'ensemble des transactions. Si le système boule
de neige se heurte en fin de compte aux limites de la population
mondiale, d’un point de vue purement théorique, le schéma de Ponzi
pourrait se poursuivre quasiment ad aeternam, tant que sa croissance
ne dépasse pas celle de l’économie en général et qu’il y a donc
toujours assez d’argent généré en dehors du schéma pour alimenter de
nouvelles entrées. On ne peut évidemment s’empêcher de penser ici aux
assurances sociales fondées sur un système de répartition, leur
fonctionnement à long terme étant précisément lié à ce type de
constellation. Si cette dernière fait défaut (comme c’est
malheureusement le cas pour la plupart des systèmes sociaux des pays
industrialisés occidentaux), ce qui constituait un schéma de Ponzi
plus ou moins bénin devient alors véritablement malin………. » «…..
Les astuces qui immunisent les acteurs contre les critiques
…………… La confiance rend manifestement aveugle sur des questions en soi
évidentes. Aussi bien chez Madoff que chez Ponzi, les volumes
nécessaires aux prétendues activités sous-jacentes auraient été de
loin trop importants. Les timbres servant au trafic de marchandises
entre les Etats-Unis et l'Italie ne pouvaient exister que dans des
quantités limitées. De même, le va-et-vient entre des investissements
directs et des options put/call sur indice avec lequel Madoff
prétendait générer ses rendements aurait dû faire exploser l’ensemble
des portefeuilles de négoce de New York pour dégager le volume
nécessaire à l’ensemble des fonds. Le fraudeur vraiment astucieux –
et si les accusations qui pèsent contre Madoff s’avèrent fondées, il
faudra le compter parmi les maîtres du genre – remplit précisément les
attentes de ses victimes. De prime abord, il doit donner l’impression
d’être inoffensif, honnête, modeste. Frimeurs et crâneurs ont ici
sensiblement moins de chances, ou alors uniquement auprès des clients
que le glamour séduit, et ils sont rares, du moins quand il est
question d’argent. Le fraudeur doit ensuite disposer d’une dose
suffisante d’empathie, autrement dit être capable de compassion dans
sa façon d’agir et de ressentir et faire preuve de générosité à
l’égard des moins privilégiés de ce monde. En outre, l’aspirant
fraudeur saura évidemment tirer profit de la proximité avec des
communautés religieuses respectables. L'engagement en faveur du
domaine public – dans le cas de Madoff, ce fut le développement de la
bourse des valeurs technologiques Nasdaq – s’avère également très
utile, car il passe pour une preuve de désintéressement. Quant aux
multiples contacts soigneusement cultivés à l’occasion d’innombrables
congrès et soirées, ils créent un réseau social qui immunise pour
ainsi dire contre les interrogations critiques. Enfin, l’octroi de
dons ciblés à des figures de la politique – dont Hillary Clinton fait
apparemment partie dans le cas présent – est un bon moyen de se
couvrir sur le front réglementaire. Le fraudeur astucieux se distingue
de l’homme d’honneur tout au plus par un je ne sais quoi d'excessif,
une perfection presque exagérée dans tout ce qui peut servir à
instaurer un véritable climat de confiance. Le principe est exactement
le même s’agissant du produit ou des schémas pour lesquels le fraudeur
cherche à trouver preneur: tout est impeccable, mais malheureusement
un peu trop parfait…………. »
Une description similaire au cas béninois et déjà, des dégâts sociaux
Le récit ci-dessus qui enseigne sur les méthodes utilisées par les
grands acteurs de ce système et que nous avons jugé utile de vous
faire lire coïncide curieusement avec ce qui se passe actuellement au
Bénin dans ce secteur. Comme décrit, les acteurs béninois pour la
plupart, comme pour se couvrir et rassurer les clients de la sécurité
de leurs activités versent dans l’humanitaire, se font plus proches
des personnalités religieuses et font des dons énormes à des
personnalités politiques. Plusieurs exemples édifient sur ces
révélations : le cas d’un enfant ayant eu des malformations à sa
naissance, malformations qu’il a traînées jusqu’à l’âge de cinq (5)
ans avant de trouver le messie en la personne d’un fondateur de
structure de placement qui a tout pris en charge pour des traitements
sur évacuation sanitaire. En dehors de leur titre de directeur de
structure de placement, ils parviennent toujours pour la plupart à se
faire porter le grade de pasteur ou de fondateur d’une église
chrétienne. Plusieurs églises, principalement dans la communauté des
chrétiens célestes ont construites grâce à la générosité de ses
patrons de placement. Aujourd’hui, les structures de placement sont
celles accordant plus de soutien aux activités culturelles dans les
villes du Bénin. Un agent de sécurité de la brigade anti-criminelle
avoue recevoir régulièrement comme pots-de-vin 100.000 francs Cfa par
agent auprès d’un promoteur de placement d’argent tous les trois jours
qu’ils font la patrouille et passent devant la direction de cette
structure. Aujourd’hui, l’on peut affirmer que les béninois dans leur
grande majorité partagent en commun depuis un moment, ce qu’on appeler
nouvelle religion qu’est le placement d’argent. Partout, c’est le
sujet qui anime les conversations. Comme le cas cité plus haut du
septuagénaire hospitalisé, d’autres dégâts sociaux sont enregistrés du
fait de l’existence aujourd’hui de cette activité. Au marché Dantokpa,
des femmes d’affaires ont cédé leurs places qu’elles avaient
difficilement acquises contre de gros sous qu’elles sont allés
‘’placer’’ dans ces structures et comptent par suite les jours des
semaines et des mois pour se faire payer le rendement. C’en est devenu
la principale activité ou -du moins- la principale source de revenu de
certains foyers qui ne comptent plus que sur le placement d’argent
pour gérer leurs foyers. « Des gens ont abandonné des terres au profit
du placement. De simples vendeuses de riz ont laissé les casseroles
pour se confier au placement. Les ouvriers versent l’argent de
commande dans le système et commencent après par tourner en rond leurs
clients jusqu’à l’échéance de paiement.
Les fonds publics et les hommes politiques aussi appâtés
En attendant de voir la vérité s’éclater d’elle-même, ils sont
nombreux, ces responsables financiers des circuits administratifs qui
ont placé les sous publics dans ces structures et bien souvent avec le
couvert de leurs patrons. Au nombre de ces structures administratives,
se trouvent des communes, des directions administratives, des
structures de projets et bien d’autres institutions insoupçonnées. A
titre d’exemple, une commune a placé 30 millions dans l’une de ces
structures espérant percevoir par trimestre douze (12) millions de
francs Cfa. Au regard de la situation qui prévaut aujourd’hui, les
activités sont désormais au ralenti dans cette commune du fait du non
paiement à l’échéance fixée. A cette liste s’ajoutent les hommes et
personnalités politiques qui font partie des grands clients de ces
structures de placement dans le but de pouvoir battre campagne
aisément lors des prochaines échéances électorales. Un agent d’une
des structures nous confie les noms de certains ministres qui ont
placé leurs sous dans ses boîtes à miracle. Des entrepreneurs
traînent aujourd’hui sur des chantiers parce qu’ils ont placé des
sous perçus au premier règlement et se trouvent surpris par la
difficulté que connaît actuellement ces maisons de placement. La
petite enquête réalisée au niveau des commissariats centraux ces
derniers jours font découvrir que 70% des plaintes reçues dans ces
organes judiciaires sont liées au placement. Les accusations sont
variantes : « Celui que vous voyez assis là est un menuisier qui est
allé placer l’argent d’une commande qu’il a reçue et qu’il n’est pas
parvenu à honorer depuis six mois parce que n’ayant pas pu reprendre
ses sous dans la structure de placement à laquelle il s’est confié
nous informe J. O. un inspecteur du commissariat central de
Porto-novo, dans la capitale du Bénin. Ce dernier nous révèle que
depuis plus d’un mois, il n’y a pas ce jour où une plainte ne soit
pas enregistrée et liée au fameux placement.
Des acteurs dans la défensive malgré la psychose et les révélations
sur le système
Il faut dire que la plupart des clients de ce service rencontrés ont
affirmé que le malaise est profond dans cette maison de placement.
Seulement, une autre frange de la clientèle semble défendre la
structure et convaincre de la fiabilité du système en avançant que
c’est par la suite des campagnes d’intoxication et surtout le 1er
avril où un canular a été monté par certains médias en faisant croire
que ces structures de placement d’argent connaissent des difficultés
au point qu’il est recommandé aux clients d’aller retirer leurs sous
que la panique a gagné les rangs. Les témoins de l’évènement révèlent
que toutes les agences de cette structure ont été prises d’assaut par
des milliers de clients qui, ulcérés par la nouvelle, ne cherchaient
qu’à retirer leurs sous. Ce jour, toutes les agences de cette
structure a été militarisée pour contenir les clients surchauffés.
Pour combattre ce qu’ils ont appelé campagne de dénigrement ou les
agences ont commencé par enregistrer en ruées, des demandes de
résiliation de contrat, la stratégie de communication a été simple :
Des communiqués radio ou de télévision ou bien des marches de soutien
organisées par des populations désintéressées dans le but de faire
croire qu’il s’agit de rumeurs répandues pour saboter leur entreprise.
Le directeur général de Expertises Afrique, une des dernières nées de
cette filière était sur une émission télévisée de la chaîne Canal 3,
le dimanche 23 mai dernier. Sur la question de savoir la base
juridique sur laquelle ils évoluent dans le secteur de placement, il
affirme qu’il y a un vide juridique et qu’il faudrait combler pour
permettre l’opérationnalisation de cette activité dont la couverture
n’est pas encore par acceptée dans les maisons d’assurance. Ce
promoteur, comme pour rassurer les populations au regard des
commentaires que suscite déjà l’arrêt momentané des activités dans
l’une de ces structures de placement, a opéré le paiement par
anticipation des intérêts à ses clients. Pour le directeur de
NTIC-Services, (aussi une structure de placement) les taux variantes
observées sont de pures fantaisies. Il affirme que ceux qui les
pratiquent seront bientôt contraints de revenir aux normes reconnues
universellement. Quant au promoteur de MICC International, il
affirme qu’il y aura toujours placement, tout en ajoutant que c’est le
manque de rigueur qui entraîne la faillite dans certaines structures.
Sans pouvoir trouver d’arguments pour dénoncer ce qui s’est imposé
brusquement aux populations, des béninois ne cessent quand même pas de
se demander comment ces structures arrivent à rentabiliser leurs
activités au regard des taux variablement pratiqués et qui défient de
très loin les structures bancaires de la place. « C’est plus qu’une
magie de proposer un taux d’intérêt de 200% » affirme un banquier dont
la structure bancaire ne dépasse pas les 4,75% comme taux intérêt à
ses clients. Du côté de ces structures de prestation, l’ont affirme
que les sous collectés sont positionnés sur le marché boursier
(trading ou forex). D’autres sources affirment que les acteurs du
système travaillent en partenariat avec de grosses firmes étrangères.
Ailleurs, on parle d’investissement dans le pétrole. Ceux qui veulent
mettre du flou dans leurs explications parlent simplement de
l’e.Business. Autant d’affirmations qui réussissent à convaincre les
chercheurs de gains faciles qui décident finalement de ‘’placer leurs
sous’’ dans ces maisons. Des observateurs bien avertis révèlent sur la
prolifération de ces structures de placement en disant que c’est
profitant des offres alléchantes qui vont jusqu’à 300% de taux
d’intérêt dans certaines maisons, que les petites structures ont
commencé par pousser dans les zones isolées de la ville où ils
fonctionnement par ‘’replacement’’ des sous collectés dans les maisons
aux offres alléchantes pour trouver leur compte. Pour ce qui est du
cas ICC Services, l’on se rend compte que c’est après plus de trois
(3) ans de fonctionnement sans bruit apparent que les grondements ont
commencé. Une source proche de l’agence de Malahoui dans le
département de l’Ouémé de ICC Services témoigne que les problèmes ont
commencé après un audit interne qui a révélé de graves manœuvres de
détournement dont seraient coupables les premiers agents de cette
agence d’où ceux-ci ont quitté pour s’installer à leurs propres
comptes c'est-à-dire, en créant d’autres structures de placement.
Cette affirmation a été battue en brèche par une source bancaire : «
C’est du Ponzi ou si vous voulez, du Madoff. Ils vont bientôt tous
fermer. Seulement, ses arguments paraissent subjectifs compte tenu de
sa position de concurrent vis-à-vis de ces structures. Devant la
polémique, les structures de ICC Services donnent à leurs clients la
date de 07 juin 2010 pour le règlement progressif des paiements. C’est
dire que presque tous les clients sont dans l’expectative jusqu’à
cette pour une éventuelle délivrance. Pour le moment, la plupart des
agences ICC Services sont militarisées contre d’éventuelles
représailles des populations aujourd’hui surchauffées.
L’alerte des professionnels bancaires et des spécialistes des finances
Avant que des difficultés ne commencent par être enregistrées dans
certaines de ces maisons de placement, les experts des questions
monétaires et bancaires n’ont pas gardé pour longtemps le silence.
Gero Amoussouga, doyen de la faculté des sciences de l’économie et de
gestion à l’université d’Abomey-Calavi au Bénin, agrégé en économie
monétaire, président de la cellule d’analyse économique de la
présidence de la République et conseiller du chef de l’Etat interrogé
sur la question refuse de croire, en bon expert monétaire que de tels
taux soient possibles d’être appliqués en arguant que rien ne justifie
l’application desdits taux. Il a fini en avertissant du danger qui
guette la société par rapport à cette activité qui prend de l’ampleur
malgré les difficultés que connaissent actuellement les premiers
acteurs et informe par ailleurs que ces structures n’ont reçu aucune
autorisation de l’Etat qui prend déjà des mesures draconiennes en vue
de les assainir : « Cette pratique pourrait dresser le lit d’ici peu à
l’inflation et à une crise financière sans précédent. » a-t-il
déclaré. Enock Gbian, socio- anthropologue chargé de l’information, de
l’éducation et de la communication à EDUC-Bénin, une ONG spécialisée
en éducation des populations dans la pratique sociale affirme que le
phénomène du placement intervenu depuis quelques années au Bénin
émousse les ardeurs dans le monde des affaires et dans la vie
socio-économique dans son ensemble. « Ce système a imposé la
‘’trésorisation’’ à l’économie béninoise au point où l’argent ne
circule plus créant ainsi un choc social dans le pays » a-t-il
déclaré. Du côté du ministère des finances, c’est l’indifférence au
niveau des services concernés directement par le sujet. Ce n’est qu’au
niveau du ministère de micro finance qu’un cadre qui a requis
l’anonymat nous révèle que des mesures sont en train d’être étudiées
où il sera question de choisir entre décourager la pratique ou faire
établir des règles devant combler le vide juridique dans lequel
évoluent actuellement les acteurs de ce secteur. Les députés du
parlement béninois, à en croire nos sources ne se préoccupent pas
encore de la situation du fait qu’aucune question orale ne soit encore
déposée au secrétariat de cette institution pour lancer le débat sur
la question au sein du législatif. Un député, membre de la commission
des finances rencontré qui a préféré parler en tant que simple citoyen
: « Tout le monde fait ça et ils ont la bénédiction des personnalités
politiques et religieuses du pays ; à l’instant où l’on est avec la
situation, la meilleure manière serait de prier pour que ceux qui sont
en difficulté trouvent les moyens de les résoudre en évitant ce que je
pressent et que je ne souhaite pas pour les populations béninoises. »
a confié ce parlementaire et à une autre membre influente de la
commission des lois de renchérir en disant qu’il s’agit d’une
cavalerie qui se prépare.
Juin, le mois de toutes les révélations et déjà la ruée vers les pays
limitrophes
Pour le moment, tous les clients de ses structures de placement qui
ont de sérieuses difficultés retiennent leur souffle en attendant la
date du 07 juin promis par exemple par ICC Services pour régler ses
clients. C’est aussi dans ce mois que des sources de la Banque
Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) aurait promis
réagir afin de mettre un terme à la pagaille qui s’observe autour des
questions monétaires et de l’économie. C’est dire donc que dans ce
mois, une grande partie de ces structures de placement pourra fermer
boutique lorsqu’elles ne seront pas en mesure de respecter les règles
qui seront établies. Du côté du parlement béninois, les sources
approchées disent attendre la décision de la Bceao pour entrer dans la
danse. Seulement, d’après des recoupements faits, des promoteurs de
cette filière, au vu du regard négatif désormais porté sur le secteur,
mènent déjà des démarches d’exploration d’autres sites au-delà des
frontières béninoises. C’est ainsi qu’on signale au Burkina-Faso, au
Niger, au Mali et au Togo pour la même activité. « C’est ce qu’ils ont
fait en Côte-d’Ivoire avant de se retrouver au Bénin. Il faut que les
gens soient vigilants » averti un ressortissant ivoirien. Malgré
toutes ces révélations, les promoteurs font croire qu’ils apportent
énormément à la croissance économique et à la réduction de la
pauvreté. Devant ces arguments, seules les structures bancaires
territorialement compétentes qui évitent de donner pour le moment leur
position pourront permettre aux populations d’être épargnées de ce
naufrage qui semble se préparer malgré tout.