mercredi 20 octobre 2010

Accès non réglementé des mineurs aux maisons carcérales en république du Bénin

Des enfants en stage libre depuis leur naissance pour la prison

(Des témoignages horribles sur le cas de la prison civile de Porto-novo)

En dehors des personnes adultes qui sont admises dans les maisons carcérales pour des raisons de détention ou de visite aux parents ou amis détenus, il se trouve que des enfants de tous âges fréquentent aussi ces lieux pénitenciers et ce, dès leur naissance pour la plupart. Un constat qui nous a amené à creuser davantage cette question en allant au cœur du système tout en partant des occasions qui favorisent la grossesse de ces femmes détenues pour découvrir comment elles parviennent à accoucher. Et surtout, cette enquête a permis de révéler le grand danger auquel sont exposés ces enfants qui n’ont plus la peur de la prison du fait de leur fréquentation et des scènes horribles qui constituent désormais leur quotidien. L’on peut bien imaginer, en partant de ce cas du Bénin, le contraste créé ainsi entre ce que l’enfant constitue pour l’avenir et ce qu’il apprend inconsciemment dans ces prisons au niveau de certains pays d’Afrique, voire ce que certains d’entre eux sont devenus par la suite.

Sylvestre Sossou

Après l’heure de l’école le soir, l’un des minibus spécialisés dans le transport d’élèves dans la ville de Porto-novo dépose ce vendredi 30 avril 2010, ses derniers passagers devant la prison civile de la capitale du Bénin. Deux enfants dont les âges varient entre huit (8) et douze (12) ans y sortent. « Tu viens nous chercher ici lundi hein » lance le plus âgé au conducteur qui répond positivement par un mouvement de tête à cette requête des petits écoliers et qui laisse comprendre qu’il en est habitué. Les deux enfants franchissent le portail de cette prison sans la moindre interrogation des agents filtrant les entrées sur ce portail. « Ils ont leurs parents là » explique un riverain de cette prison et qui connaît bien les enfants dont il est question ainsi que leurs parents. Des recoupements faits au niveau des habitants de ce quartier abritant ladite prison, il s’est révélé que les deux élèves comme beaucoup d’autres enfants étant de la même situation y passent le week-end avec leur parent détenu. Les deux enfants auraient leur mère détenue dans cette maison carcérale depuis plus de cinq (5) ans environ et auraient perdu leur père avant même la mise en détention de la femme. C’est ainsi que presque tous les jours, depuis des années, ils sont tenus de passer leurs temps de repos auprès de leur mère dans cette prison.

Des enfants désormais vaccinés contre la peur de la prison

« Ces enfants voient tout » nous confie le conducteur du minibus que nous avons repéré quelques jours après et qui s’est révélé, compte tenu des informations qu’il détenait, le plus grand confident de ses enfants. « Un jour, je les ai accompagné pour retirer la mensualité du transport auprès de leur mère quand j’ai été horrifié par de multiples images que je voyais et qui m’ont mis mal à l’aise toute la journée » nous apprend ce conducteur. « J’ai vu un vieux nu voulant répondre à la visite d’un parent et qui se faisait taper aux dos par ses collègues prisonniers……… j’ai vu des prisonniers aux corps remplis de teignes et qui me réclamaient de l’argent » ajoute celui-ci mais dont les effrois ont été atténués avec les confidences dont lui ont fait part après les deux enfants. « Ces enfants m’ont dit que je n’ai rien vu et que ce sont les prisonniers pauvres qui sont sales. Le conducteur affirme avoir été surpris des informations que lui ont servi les enfants en tentant de le convaincre de ce que les prisonniers qu’il a vus sont de pauvres gens, et que d’autres vivent bien là. Aussi les enfants, aux dires de cet interlocuteur, ont affirmé qu’ils ont des amis dans cette maison carcérale, dont l’un s’appellerait ‘’Zembla’’ et qui leur donnent assez d’argent lorsqu’ils doivent reprendre les classes les lundis. Ces informations reçues du conducteur du minibus ont été confirmées par d’autres sources proches de cette prison qui ajoutent que certains enfants sont nés dans cette maison carcérale et y passent toute leurs journées depuis des années.

Des grossesses en milieu carcéral malgré l’interdiction stricte

De sources proches des responsables chargés de gestion de cette prison, les rapports sexuels, comme dans toutes les maisons carcérales, sont strictement interdits entre détenus sous peine de lourdes sanctions. Ce qui devrait normalement empêcher, que des femmes détenues tombent enceinte dans ces pénitenciers. Seulement, cette règle est vite contournée par une règle spéciale établie et appliquée discrètement par les responsables en charge de la gestion de ces maisons d’arrêt d’ après des explications données par une détenue pour une affaire de coups et blessures volontaires, mère d’un bébé de huit mois et qui a été très largement explicite au cours d’un entretien organisé avec cette dernière dans la salle des visiteurs de cette prison. « Ma grossesse est survenue suite aux multiples relations que j’ai pu entretenir avec mon mari qui vient passer toutes les journées des dimanches avec moi. Comme je ne peux pas avorter dans ces conditions, j’ai gardé la grossesse et quand j’ai eu les premiers malaises, je me suis porté vers le major de la prison qui m’a fait suivre avec un papier dans une maternité pour le contrôle. Lorsque cela s’est révélé positif, j’ai suivi grâce à ses instructions écrites, les consultations prénatales jusqu’à l’accouchement » a-t-elle raconté avant de reconnaître qu’il lui a été très difficile de supporter cette grossesse dans cette situation quant bien même les autres collègues lui viennent de temps en temps en aide. Elle s’est rappelée surtout de ‘’cette nuit de douleur’’ qu’elle aurait passé dans cette prison à l’approche de l’accouchement. « J’ai failli perdre mon enfant puisque la sage-femme m’a dit après que j’ai eu une grande chance parce qu’accouchement devrait avoir lieu à trois heures au lieu de six heures quarante six minutes, donc un retard de plus de quatre heures pendant lesquelles, le bébé avait déjà presque sorti sa tête. En ce moment raconte-elle, leur cellule était déjà fermée et il n’y avait plus de possibilité pour l’aider à accoucher. Cette option permet seulement à ceux qui ont les moyens d’en profiter pour tenir des rapports sexuels avec leurs différents partenaires de l’extérieur d’après les explications de cette dame qui affirme avoir l’habitude de payer entre onze mille et treize mille francs Cfa Cfa pour pouvoir passer toute la journée du dimanche avec son mari dans un enclos aménagé pour ce principe où l’on doit parfois faire face à la spéculation lorsque les demandes sont fortes.

Des rapports sexuels à l’image des animaux

Du fait de manque de moyens pour faire face à la règle permettant des relations confortables entre partenaires dans ces ‘’chambres aménagées’’ de la prison, d’autres circonstances sont l’occasion de s’offrir des séances de réjouissance par des actes sexuels sauvages et qui finissent parfois par des grossesses, à en croire cette autre femme rencontrée avec une grossesse de six mois d’après ses déclarations alors qu’elle était à deux semaines de sa libération : « J’ai eu ma grossesse à l’occasion d’un rapport que j’ai eu avec mon ami détenu comme moi lors d’une messe célébrée dans le culte de la prison….. comme on était derrière, j’avais tellement envie que je suis allée m’asseoir sur lui et c’est ainsi qu’on s’est satisfait » nous révèle la jeune dame encore en détention pour quelques jours au moment de l’entretien. D’autres témoignages donnent informent sur d’autres circonstances par lesquelles, les détenus réussissent à contourner l’interdiction de la tenue de rapports sexuels entre détenus. « La journée mondiale des prisonniers est l’une des occasions par lesquelles, les détenus ‘’s’accouplent’’ informe une vendeuse de la prison et qui nous a révélé avoir eu d’enfant grâce à ces relations avec un détenu grâce à qui, elle a pu accoucher dans sa vie après de nombreuses tentatives infructueuses. « Les prisonniers qui n’ont pas les moyens de payer pour la chambre guettent habituellement cette journée mondiale dédiée aux prisonniers pour tenir des rapports sexuels mais en restant debout et avec un minimum de discrétion. Les séances de prière organisées régulièrement par les religieux sont aussi des occasions d’or pour ses amoureux indigents de satisfaire leur libido et qui, parfois, finissent par des grossesses renchérit une source proche de la direction de cette prison et qui ajoute qu’il y a des enfants nés et dont les pères sont inconnus. Ces genres de cas sont souvent gérés par les services sociaux animés par les religieux qui viennent régulièrement dénombrer et prendre en charge ces bébés.

Un privilège anti-éducatif aux enfants de l’extérieur

Les témoignages glanés ça et là n’ont pas permis de vérifier si effectivement comme il a été affirmé par les responsables de la prison, les enfants en situation d’allaitement ne dorment pas avec leurs mères dans les cellules. La source crédible proche du greffe du tribunal de première instance de Porto-novo a confirmé l’information selon laquelle, les bébés sont allaités par leurs mères grâce à une parente ou proche de la famille d’un des parents qui vient tous les matins à six heures permettant ainsi l’allaitement du bébé et aussi d’autres soins que voudrait apporter la mère à son enfant. L’innocent être rejoint la parente à dix huit heures, l’heure de la fermeture des cellules, restant ainsi orphelins de mère pendant la nuit et sur toute la période de détention de sa maman. Dans les cas urgents, un privilège est accordé à la mère qui reste dans une salle de la résidence du régisseur sous le contrôle des gardes. Mais, il est permis aux enfants de rester avec leurs mères détenues, pendant la journée. Certaines d’entres elles se permettent même de faire promener leurs enfants dans le bâtiment où le manque d’hygiène est devenu chose normale. Une occasion de faire passer l’âme innocente entre plusieurs mains ainsi exposée à toutes sortes de maladies confie une détenue, coiffeuse condamnée pour avoir châtié son propre enfant et qui a affirme avoir été témoins de mères admises après dans des centres psychiatriques après avoir fait des mort-nés suite à des manques d’assistance. Ceux des enfants qui ont déjà un âge avancé vivent toutes les scènes horribles que l’on peut imaginer dans une prison ajoute-elle en racontant la mésaventure d’une fille qui a été témoin de la tentative d’étranglement de sa mère par une codétenue. A la vue de cette scène, la fille est tombée en syncope où elle a dû suivre en urgence des soins avant d’être évacuée dans le centre hospitalier de Porto-novo pour des soins de spécialité. Et depuis ce jour, cette fille n’est plus venue voir sa maman jusqu’à la libération de cette dernière conclut-elle. « Il y a des enfants qui voient ces scènes tous les jours et qui n’en sont plus inquiétés reconnaît une responsable de bâtiment, détenue elle aussi. « J’ai peur pour l’avenir de ces enfants affirme-t-elle avant de regretter cette perméabilité offerte aux enfants de venir comme tout le monde à la rencontre de ces images anti-éducationnelles et qui peuvent conduire certains d’entre ces enfants à suivre ces mauvais pas. Un détenu explique le cas d’un homme ayant fait près d’une quinzaine d’années dans cette prison où il a fait tous ces enfants. « Ces enfants n’ont pas connu une autre cour que celle de la prison dans la majeure partie de leurs journées durant la période de détention de leur père…. et bien que le père soit libéré, les aînés de cet ancien détenu sont devenus des garçons de course pour plusieurs détenus où on les voit régulièrement dans cette maison où leur père avait subi ses peines d’emprisonnement ». il ajoute que la menotte, les pairs de gifle et autres actes inhumains menés régulièrement sur les prisonniers et bien souvent aussi entre prisonniers n’effraient ces enfants qui ne voient plus ces faits comme des scènes mais comme des pratiques normales pouvant arriver à tout moment à l’être humain. Celui-ci affirme également qu’une mineure se trouverait actuellement en détention après s’être mise au service d’une détenue avec l’aide de qui elle aurait réussi dans un premier temps à dérober une petite vendeuse de ses tissus.

Des jeunes en plein exercice de la grande délinquance

Pour mener son forfait, elle aurait offert une pomme dans laquelle, elle avait auparavant injecté une substance ayant prolongé la pauvre victime dans un sommeil de plusieurs heures. ‘’Jonas’’, un enfant aujourd’hui récupéré qui dit avoir l’âge de treize (13) ans, a son papa en détention depuis six ans. N’ayant plus de parent à ses côtés du fait de la fuite de sa maman qui serait aussi recherché par la justice pour les mêmes faits ayant maintenu le père dans les liens de la détention, Jonas, rencontré au foyer des enfants abandonnés ou orphelins de l’Ong Autre Vie nous raconte qu’il allait régulièrement voir son père pour l’aider dans certaines courses vers ses amis. « Je suis rentré dans la prison un jour avec une casquette que je devrais rendre à mon père quand quelqu’un m’a demandé à l’entrée de cette prison de fuir et de jeter loin le chapeau» explique-t-il. Selon le directeur exécutif de l’Ong autre Vie, Jonas a été récupéré après plusieurs nuits passées à la belle étoile. Il a été détecté par les ambassadeurs des droits des enfants, (une section de l’Ong chargée de prendre connaissance de nouveaux cas d’enfants abandonnés ou en situation difficile), qui l’a ramené dans le foyer. Ce responsable ajoute que c’est suite à plusieurs semaines d’interrogations douces qu’il a pu leur donner des informations sur son père et la raison pour laquelle, il lui était demandé de jeter le chapeau. Le père de Jonas, d’après les explications données par l’Ong Autre Vie, serait pris en flagrant délit de commercialisation de drogue dans sa maison. Une activité qu’il mènerait avec toute la famille. L’absence de la femme le jour de la présence de la police a permis à cette dernière d’échapper à la justice. Bien qu’étant en prison, le père continuerait ladite activité avec l’aide de son enfant aîné, Jonas, qui se servait désormais de pont de liaison entre les fournisseurs et son papa ayant développé un autre réseau de vente du produit dans cette maison carcérale. Ce qui a été découvert par les agents de sécurité, qui auraient par la suite imposé un régime spécial à ce détenu tout en cherchant à mettre la main sur les complices. Jonas aurait échappé à son arrestation grâce à un autre complice qui lui a soufflé de s’en fuir et ce fut le jour où il a abandonné par contrainte, sa fréquentation de la prison. Selon le président du centre de recherche et d’éducation pour les droits humains (CREDH ), il est nécessaire que le législateur pense à protéger ces enfants en évitant leur contact avec le monde de la vie pénitentiaire. M. Nicaise Azomahou ajoute que si des dispositions ont été prises pour protéger les mineurs en conflits avec la loi dans les prisons où leurs quartiers sont séparés de manière à ce qu’ils ne prennent pas connaissance du monde des aînés de même situation, ce n’est pas les enfants qui n’ont aucune confrontation devant le juge qui seront exposés à ces déviances de la vie. Cet homme intervenant dans la défense des droits déplore aussi le manque de dispositions dans les textes relatifs à la promotion des droits de l’enfant pouvant contraindre les uns et les autres à éviter l’enfant la perception de ces images horribles en milieu carcéral. Un responsable de la communauté islamique ahmadiyya du Bénin, fréquentant régulièrement cette maison pour des séances de prière et de distribution de vivres affirme que c’est une école de contre modèle, l’accès des enfants aux lieux de détention. Après avoir raconté plusieurs cas d’enfants actuellement en détention au quartier des mineurs suite à la fréquentation des lieux depuis leur naissance, où suite à l’incarcération d’un membre de leur famille, un responsable des détenu, présenté comme l’un des doyens de cette maison carcérale finit en disant que la fréquentation régulière permise aux enfants mineurs dans les mêmes conditions que les adultes est une malheureuse opportunité offerte à la plupart d’eux de s’impregner des grandes méthodes de mauvaises pratiques. Il révèle aussi que ceux-là sont après, comme une main d’œuvre aux adultes ne pouvant plus faire des ‘’descentes’’ sur le terrain pour cause de vieillesse. Passant ainsi le relais à ces innocents désormais aguerris. «C’est des stagiaires dont les performances dépassent parfois celles de leurs maîtres » ironise ce doyen des lieux mais qui insistent sur la véracité de tous les propos qu’il a tenus sur les cas d’enfants fréquentant cette prison et qui se retrouvent après dans le quartier des mineurs.

Montée vertigineuse de la cybercriminalité en Afrique

Quand la jeunesse africaine refuse l’éducation au profit du vol par les Tics

Le phénomène regrettable de la délinquance par les tics se situe aujourd’hui à un rythme qui recommande aux spécialistes des questions de sécurité par le net de repenser les mesures entre temps envisagées pour lutter contre ce phénomène qui conduit la jeunesse africaine dans le gouffre. A travers cette enquête, nous avons fait parler les acteurs de cette pratique pour vous permettre d’en savoir davantage sur le mode de fonctionnement de ce ‘’boulot’’, écouté les autorités en charge de la sécurité sur ce qu’ils pensent de cette tragédie qui s’enracine dangereusement au sein de la jeunesse africaine.

Sylvestre SOSSOU

B. est un jeune élève en classe de première dans un lycée à Porto-Novo (capitale béninoise). Entre temps reconnu pour se soumettre aux petits boulots dans le quartier dans le but de survenir à ces besoins et de continuer les études malgré son état d’orphelinat, il surprend ses camarades de quartier en sortant d’un véhicule Nissan un matin. « Cela nous a tous étonnés quand il est venu avec ce véhicule et qu’il nous demande de le suivre pour ‘’l’arroser’’ dans une buvette à côté » témoigne l’un des jeunes présents le jour de cette démonstration de force du jeune élève. Suite à cela, après bien de rumeurs, il a été révélé que ce jeune propriétaire de véhicule depuis un moment suivait un Nigérian avec qui il passait de cyber en cyber dans la capitale. Seulement, quelques mois après, le jeune a été arrêté et jeté en prison pour escroquerie par le Net. Ces voisins ont fait savoir qu’il a été arrêté un lundi matin dans une banque par les forces de sécurité publique alors qu’il était avec l’enfant de sa sœur dans son véhicule et s’apprêtant à faire un retrait de fonds. Des cas sont multiples où ces jeunes ne vont plus à l’école. Un professeur de collège nous confie l’histoire d’un jeune renvoyé d’une école publique et qui est venu lui demander de mener des démarches afin qu’il puisse être accepté dans un collège. L’enseignant a réussi finalement à lui trouver de place dans un collège privé après qu’il a déboursé gros pour ‘’corrompre ‘’ la chaîne de direction. Seulement, l’enseignant s’est dit surpris du comportement de cet élève qui, après quelques jours de présence dans sa classe, ne s’est plus présenté dans cet établissement. C’est, après son arrestation, qu’il a appris beaucoup de choses sur l’intéressé. Des sources proches de ces ‘’cyber-criminels’’ révèlent que dans le but de tromper la vigilance des forces de sécurité qui rodent par des patrouilles inopinées autour des cyber la nuit en y arrêtant des suspects. Ce qui amène certains à se munir régulièrement d’une carte d’étudiant ou d’élève pour faire croire qu’ils font des recherches d’études sur le net. Malheureusement, ces Cyber cafés remplacent aujourd’hui les études et autres centres de formations dans bon nombre de pays africains pour la jeunesse. Sortis de la maison chaque matin, ils vont envahir les Cyber Cafés dans le seul but de ’’ poser des pièges ‘’ en arnaquant des naïfs qui sont nombreux à tomber facilement dans ces appâts virtuels. Malgré toutes les sensibilisations qui continuent d’être faites sur le phénomène, ces ‘’vendeurs’’ trouvent toujours ‘’acheteurs’’. Ils ont de l’ingéniosité et s’en servent pour tromper allègrement des cybernautes en y allant par diverses stratégies.

Prince héritier, l’astuce la plus utilisée par les arnaqueurs

Pour vite faire réagir leurs cibles, ils envoient bien souvent des correspondances dans lesquelles ils se passent pour être prince héritier, fils d’un président de la république déchu où ayant été victime de coups d’Etat. Ou encore veuve d’un ancien président. En voici une des correspondances régulièrement envoyées dans vos boîtes et qui tombent souvent dans vos spam : « Très cher, Je suis Mme KABIE ELVIRE d'origine TCHADIENNE
J'étais mariée à Mr KUMAR GARY WATERMAN d'origine INDIENNE qui a travaillé avec le HCR(haut commisariat des refugies)en cote d'ivoire pendant neuf ans avant qu'il ne decède en 2002। Nous étions mariés pendant onze années nous avions eu 1 enfant quelque annee avant sa mort. Il est mort après une brève maladie qui a duré seulement quatre jours. Avant sa mort nous étions tous les deux de fervents chretien .A sa mort , j'ai décidé de ne pas me remarier ou obtenir un enfant en dehors de ma maison matrimoniale chose que defend la BIBLE.Du vivant de mon défuntmari, il a déposé la somme de 3.7 Millions $ americain (tois millions sept cents mille Dollars americain)dans une compagnie de sécurite privée ici en Côte d'Ivoire.Actuellement, cet argent est toujours avec cette compagnie.
Récemment, mon docteur m'a informé du fait que je souffrirais d'une maladie sérieuse: le cancer. La maladie qui me dérange le plus est l'hypertension. Après avoir su mon état j'ai décidé de donner ces fonds à une EGLISE ou à une personne qui utilisera cet argent tel que je l'instruirais. Je recherche donc une EGLISE ou une personne de confiance qui mettra ces fonds aux services des orphelinats, veuves, propageant ainsi la parole de DIEU et faire en sorte que l'oeuvre de DIEU soit maintenue. La BIBLE declare qu'est bénie la मैं qui donne।Il faut aussi notez que mon enfant est encore très jeune et je veux pas mourrir sans savoir qu'il est dans de bonne main.J'ai pris cette décision parce que je n'ai personne a qui confier mon enfant.Alors si vous pensez pouvoir me venir en aide tout en voulant bien accepter mon enfant comme le vôtre.De qui vous prendrez soin comme le vôtre, je suis à votre disposition.
Mon mari était indien et je n'ai jamais eu l'occasion de connaitre ses
parents.Moi egalement je n'ai aucun parents proche seule quelques cousines lonitaine en qui je n' ai aucune confiance. raison pour laquelle je prends cette décision.
Je ne crains point la mort par conséquent je sais que je vais rejoindre le pere celeste . Je sais que je vais être dans le royaume de DIEU .Un verset du BIBLE dit-ce :"DIEU défendra ma cause et je demeurerai dans sa paix".
Dès que je reçois votre réponse je vous enverrais le contact de cette compagnie à abidjan. Je joindrai également une lettre d'autorité qui vous prouvera que je suis le bénéficiaire actuel de cet argent. Je veux que vous et votre Mosqué prie toujours pour moi afin que DIEU soit toujours mon berger.
Mon bonheur est que j'ai vécu une vie de digne CHRETIENNE. Celui qui veut servir DIEU doit le servir dans l'esprit et la vérité. Veuillez
demeurer dans la prière toute votre vie.
Veuillez me rassurer que vous agirez en conséquence comme je l'a i évoqué ci-haut. Tout en espérant recevoir votre réponse que DIEU
vous benisse. Actuellement, je reside dans un hotel d'abidjan en Côte d'Ivoire.
Vôtre soeur, »

C’est exprès que le courrier a été publié tel qu’il a été envoyé dans une boîte électronique dans le seul dessin de tromper le destinataire. Des exemples sont légion et les stratégies variées. La religion étant l’opium du peuple, ce texte touche facilement les âmes ciblées,qui ne réfléchissent plus longtemps pour déballer des liasses en direction de ces voleurs.

Le gayé, ou l’argent des ancêtres selon les criminels du net

Au Bénin, cette pratique de vol organisé par le net est appelé le ‘’gayé’’. Selon Paul F. , le phénomène n’est pas dirigé contre les noirs. C’est par accident que certains frères noirs tombent dans notre piège révèle ce dernier. Il affirme ironiquement que l’argent qu’il détourne des blancs constitue le dédommagement lié à la traître nègrière qu’avait subi leurs ancêtres. L’ampleur que prend aujourd’hui le phénomène au Bénin donne l’impression que bon nombre de personnes tombent facilement dans ce piège pourtant évitable. Bien souvent, le texte qu’ils envoient est mal cousu, jonché de faute de toutes sortes et presque un copier-coller envoyé à un millier de personnes. Au nombre des stratégies actuellement en vogue se trouve celle qui consiste à ces escrocs à se faire passer pour une femme. Et cela fait souvent rire dans les cyber où à l’appel de leurs cibles, ils changent de voix, parlent comme de vraies femmes et convainquent leurs interlocuteurs qui ne tardent plus à leur envoyer de l’argent sous prétexte qu’ils (se passant pour femme) vont les rejoindre très bientôt.

Déjà des dégâts qui dépassent l’entendement

Au Bénin, toutes les belles infrastructures ont déjà servi de piège où ces escrocs qui ont soutiré des millions de francs aux blancs. C’est ainsi qu’on parle dans la capitale économique du Bénin de la vente du stade de l’amitié, de la place de l’étoile rouge. Le dernier scandale a eu lieu à Porto-novo, capitale politique en reconstruction où un promoteur hôtelier qui est presque en fin d’achèvement des travaux de construction d’un bel hôtel dans cette ville vient d’être victime du phénomène où déjà, son flambant hôtel est déjà en négociation de vente par les ‘’esprits du net’’ qui auraient déjà perçu une première avance. Un agent en service dans une institution républicaine nous a confié qu’il lui a été proposé d’accepter se faire saluer par un inconnu au moment où le président de l’auguste institution serait venu un matin et qu’il serait dans la délégation qui l’accueille. Un autre témoignage nous fait apprendre qu’on voudrait de la personne, un simple agent, là aussi, dans une institution qu’il réussisse à s’asseoir dans le bureau du président de l’institution pour recevoir simplement en une minute un blanc contre de fortes sommes d’argent. Selon des informations recueillies du service d’information de la chambre de commerce et d’industrie du Bénin, des dizaines d’appel sont reçus de l’Europe pour vérifier si telle entreprise existe sous tel nom au Bénin. L’agent nous révèle qu’il n’a jamais eu une vraie adresse d’entreprise dont la demande a été vérifiée. La dernière en date, il s’agit d’un fournisseur qui s’apprêtait à envoyer 8 millions de francs CFA et des échantillons d’articles pour leurs promotions en Afrique. Anatole qui nous raconte sa mésaventure a été aussi victime du vol par Internet sur fonds de dénigrement. Pressé un jour, il n’a pas fermé sa boîte électronique avant de quitter le cyber. Malheureusement l’innocent ordinateur tombe dans les mains d’un escroc du net qui a tôt fait de changer le mot de passe empêchant désormais au vrai propriétaire d’ouvrir sa boîte. Ayant compris que le propriétaire des fructueuses relations à l’intérieur comme à l’extérieur entant que cadre travaillant dans une grande structure de la place, l’escroc qui gère désormais cette boîte sélectionne de bonne adresses et envoie des courriers de demande d’aide à la place du vrai propriétaire pour des questions sociales très défavorables à l’innocent propriétaire de la boîte électronique compte tenu de son rang. C’est après que certains parmis les victimes l’appellent pour savoir s’il a pu régler son problème de santé ou le règlement de sa dette ? Cette situation ne cesse de déranger la victime qui n’arrive pas encore à avertir tous ses correspondants de la dépossession de sa boîte électronique.

La complicité des forces de l’ordre et l’inexistante des mesures de sécurité

Au regard de ce processus permettant à ces criminels par le Net d’aboutir à leur forfait, bien de soupçons pèsent sur les agents de force de l’ordre et de certains agents de banque qui seraient souvent membres de ces réseaux et qui leur facilitent la tâche. Sinon, comment comprendre que ceux-là vont retirer facilement obtenir des cartes d’identité et opérer tout allègrement des retraits dans des banques ? Jusque-là, aucune stratégie fiable n’a été exécutée pour décourager ces escrocs. Aucun moyen de surveillance informatique n’est prévu de même, les réseaux téléphoniques mobiles comme fixe ne sont pas rigoureusement recensés. Seulement, des sources proches des forces de sécurité ont le séminaire sur la cybercriminalité organisé par la délégation du Service de Coopération Technique Internationale de Police (SCTIP) de l’Ambassade de France au Bénin qui s’est déroulé du 8 au12 juin 2009 dernier a regroupé des policiers et gendarmes venus de dix pays de la sous-région (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Gabon, Nigeria, Ghana, Congo, Guinée, Mali, Togo et Niger). Deux experts de l’Office Central de Lutte contre la Criminalité liée aux Technologies de l’Information et de la Communication de la Direction Centrale de la Police Judiciaire française ont été les conférenciers de cet atelier. Aux termes des discussions, il a été reconnu par les participants et appuyé par le ministre béninois, M. Désiré ADADJA qu’aucun Etat n’est actuellement en mesure d’assumer seul la recherche et la poursuite de ses délinquants, sans une coopération commune. Il a été recommandé à ces Etats de se doter de police spécialisée et de revoir leurs textes législatifs qui puisse permettre de prendre la mesure de ce phénomène qui s’élargit et qui remplace depuis quelques années au sein de la jeunesse, l’école et la formation.

jeudi 10 juin 2010

Floraison des structures de placement d’argent au Bénin

Floraison des structures de placement d’argent au Bénin
Les dessous d’une manne poisseuse favorisée par la pauvreté grandissante
(Déjà des signes avant-coureurs d’un désastre)

L’ampleur que prend aujourd’hui le phénomène du placement d’argent au
Bénin fait rappeler les scandales des célèbres acteurs de ce système
que sont Madoff et Charles Ponzi, même si l’on n’en est pas encore là
dans ce pays. Seulement, les informations récemment recueillies
continûment recommande une grande méfiance vis-à-vis de ces maisons
dont certaines d’entres elles donnent déjà l’air de s’écrouler
lentement.
Sylvestre Sossou
Au crépuscule de ce jeudi 06 mai 2010, devant le service d’urgence du
centre hospitalier départemental de l’Ouémé situé à Porto-novo, se
trouve allongé sur un brancard un septuagénaire pour être conduit dans
la salle de réception des patients. L’homme semble souffrir de
palpitations aigues au vu des agitations qu’il manifeste sur sa
civière. Mais, nos curiosités ont permis de recueillir auprès des
parents de ce dernier, les causes de cette situation : « Il est tombé
évanoui quand on lui a demandé à ICC de revenir trois semaines après
pour prendre son argent. » Cette déclaration des parents a tôt fait de
lancer sur place, un débat sur la question du placement d’argent et
surtout sur la situation que vit depuis un moment, la structure ICC
Services dont a parlé l’un des parents du septuagénaire en question et
qui serait à la base de son malaise.
Gagner de l’argent facile par la vente de ses biens précieux
Aux dires du parent de ce patient admis au service d’urgence, l’homme
en question aurait vendu sa maison pour un montant de neuf(9) millions
de francs Cfa et aurait placé l’argent à ICC Services, la maison de
placement d’argent dont il est question. En effet, ICC Services est la
première structure installée au Bénin spécialisée entre autres, dans
le placement d’argent. D’après le mode de fonctionnement du placement
dans ce service et comme dans bien d’autres maisons, il existe
plusieurs grilles et parmi celles-ci, l’homme dont il est question ici
a opté pour le paiement trimestriel pour un taux de rendement ou
d’intérêt de 200%. Ce qui lui donne trimestriellement un rendement de
trois millions six cent mille (3600000) francs Cfa. La même source
indique qu’il était allé pour le premier rendez-vous ce jeudi 06 mai
quand on lui demande de revenir des jours après. Ce qui aurait
provoqué sur lui un choc terrible et qui le fait échouer dans un
hôpital. En dehors de ce cas rencontré à l’hôpital, beaucoup d’autres
témoignages ont été enregistrés auprès des clients sur le même service
de placement. Le point commun de ces différentes déclarations reste le
report de la date de paiement des rendements au niveau de ce service.
Pendant ce temps, les différents responsables de ce service rencontrés
dans les agences installés un peu partout dans les grandes villes du
Bénin évitent de faire la moindre déclaration à la presse. Toutes les
tentatives pour les entendre sur des révélations pourtant troublantes
sur leur structure sont demeurées vaines.
Un peu d’histoire sur le placement à fort taux d’intérêt
En effet, une littérature bancaire des éditions WEGELIN & CO raconte
sur les acteurs célèbres de ce système : «…………… Ressortissant italien
immigré aux Etats-Unis en 1903, Charles Ponzi promettait à ses
investisseurs du début des années 1920 des rendements de 50% sur 45
jours ou le doublement du montant investi en l’espace de 90 jours. Au
final, près de 40’000 investisseurs allaient répondre à l’appel et lui
confier un total de 15 millions de dollars. Comme source de cet énorme
rendement, Ponzi indiquait un arbitrage de devises entre le dollar et
la lire italienne, sur la base des timbres-poste alors couramment
utilisés comme moyen de paiement dans le commerce international de
marchandises. Le montant élevé pour l'époque, l’extravagance des
promesses de gain ainsi que le raffinement du système ont valu à Ponzi
de donner son nom à un schéma que beaucoup d’autres avaient exploité
bien avant lui et que l’on a retrouvé depuis dans de multiples
variantes. Mais avec Bernard Madoff, le schéma connaît aujourd’hui son
apogée, et au vu des 50 milliards de dollars donnés pour perdus, on se
demande si un changement de nom ne serait pas indiqué. En quoi
consiste un «schéma de Ponzi» du point de vue économique? Il s’agit
d’un système de paiements et de remboursements au centre duquel on
trouve ou plutôt on exploite un bilan surendetté. Ainsi, les
remboursements s’effectuent essentiellement grâce aux fonds
nouvellement versés; ceux-ci sont toutefois assortis de nouveaux
engagements, de sorte que le surendettement va en s’accroissant. Dans
la littérature (et notamment chez Klaus Spemann, 2004), on distingue
deux formes de chaîne de Ponzi, l’une maligne et l’autre plus ou moins
bénigne. Sauf remise en question fondamentale, la variante bénigne
pourrait en soi continuer d’exister pendant très longtemps. Il faut
pour cela que la liquidité du système perdure, ce qui n’est possible
que si la croissance de la dette (respectivement l’ampleur des
promesses) reste suffisamment limitée. Dans leur forme maligne en
revanche, les chaînes de Ponzi s’essoufflent d’elles-mêmes tôt ou
tard. Une «remise en question fondamentale» des schémas de Ponzi peut
être le fait des autorités qui constatent la situation de
surendettement, des participants qui exigent simultanément le
remboursement des montants investis, ou encore de l’instigateur de la
chaîne lui-même qui met le cap sur une île des Caraïbes avec ce qu’il
reste d’argent. Le plus souvent, le pot aux roses est découvert avant
cela, car il est dans la nature de la plupart des instigateurs de
chaînes de Ponzi d’accélérer le surendettement du bilan en raison de
leur mode de vie dispendieux et de tenter de ce fait d’attirer de
nouveaux capitaux par des promesses franchement imprudentes. Quelles
sont les similitudes entre le schéma de Ponzi et un système boule de
neige? D’une part, l’illusion d’un rendement économiquement absurde
fondée sur des promesses, et de l’autre, l’absence de création de
valeur au sein du système. Mais contrairement au schéma de Ponzi, le
système boule de neige se nourrit de la discipline solidaire de ses
participants (raison pour laquelle il est également appelé à
s’effondrer, comme on l’a dit plus haut); le système boule de neige
expose à ses participants son mécanisme fondé sur une croissance
exponentielle, tandis que l’instigateur d’une chaîne de Ponzi agit à
couvert et centralise l'ensemble des transactions. Si le système boule
de neige se heurte en fin de compte aux limites de la population
mondiale, d’un point de vue purement théorique, le schéma de Ponzi
pourrait se poursuivre quasiment ad aeternam, tant que sa croissance
ne dépasse pas celle de l’économie en général et qu’il y a donc
toujours assez d’argent généré en dehors du schéma pour alimenter de
nouvelles entrées. On ne peut évidemment s’empêcher de penser ici aux
assurances sociales fondées sur un système de répartition, leur
fonctionnement à long terme étant précisément lié à ce type de
constellation. Si cette dernière fait défaut (comme c’est
malheureusement le cas pour la plupart des systèmes sociaux des pays
industrialisés occidentaux), ce qui constituait un schéma de Ponzi
plus ou moins bénin devient alors véritablement malin………. » «…..
Les astuces qui immunisent les acteurs contre les critiques
…………… La confiance rend manifestement aveugle sur des questions en soi
évidentes. Aussi bien chez Madoff que chez Ponzi, les volumes
nécessaires aux prétendues activités sous-jacentes auraient été de
loin trop importants. Les timbres servant au trafic de marchandises
entre les Etats-Unis et l'Italie ne pouvaient exister que dans des
quantités limitées. De même, le va-et-vient entre des investissements
directs et des options put/call sur indice avec lequel Madoff
prétendait générer ses rendements aurait dû faire exploser l’ensemble
des portefeuilles de négoce de New York pour dégager le volume
nécessaire à l’ensemble des fonds. Le fraudeur vraiment astucieux –
et si les accusations qui pèsent contre Madoff s’avèrent fondées, il
faudra le compter parmi les maîtres du genre – remplit précisément les
attentes de ses victimes. De prime abord, il doit donner l’impression
d’être inoffensif, honnête, modeste. Frimeurs et crâneurs ont ici
sensiblement moins de chances, ou alors uniquement auprès des clients
que le glamour séduit, et ils sont rares, du moins quand il est
question d’argent. Le fraudeur doit ensuite disposer d’une dose
suffisante d’empathie, autrement dit être capable de compassion dans
sa façon d’agir et de ressentir et faire preuve de générosité à
l’égard des moins privilégiés de ce monde. En outre, l’aspirant
fraudeur saura évidemment tirer profit de la proximité avec des
communautés religieuses respectables. L'engagement en faveur du
domaine public – dans le cas de Madoff, ce fut le développement de la
bourse des valeurs technologiques Nasdaq – s’avère également très
utile, car il passe pour une preuve de désintéressement. Quant aux
multiples contacts soigneusement cultivés à l’occasion d’innombrables
congrès et soirées, ils créent un réseau social qui immunise pour
ainsi dire contre les interrogations critiques. Enfin, l’octroi de
dons ciblés à des figures de la politique – dont Hillary Clinton fait
apparemment partie dans le cas présent – est un bon moyen de se
couvrir sur le front réglementaire. Le fraudeur astucieux se distingue
de l’homme d’honneur tout au plus par un je ne sais quoi d'excessif,
une perfection presque exagérée dans tout ce qui peut servir à
instaurer un véritable climat de confiance. Le principe est exactement
le même s’agissant du produit ou des schémas pour lesquels le fraudeur
cherche à trouver preneur: tout est impeccable, mais malheureusement
un peu trop parfait…………. »
Une description similaire au cas béninois et déjà, des dégâts sociaux
Le récit ci-dessus qui enseigne sur les méthodes utilisées par les
grands acteurs de ce système et que nous avons jugé utile de vous
faire lire coïncide curieusement avec ce qui se passe actuellement au
Bénin dans ce secteur. Comme décrit, les acteurs béninois pour la
plupart, comme pour se couvrir et rassurer les clients de la sécurité
de leurs activités versent dans l’humanitaire, se font plus proches
des personnalités religieuses et font des dons énormes à des
personnalités politiques. Plusieurs exemples édifient sur ces
révélations : le cas d’un enfant ayant eu des malformations à sa
naissance, malformations qu’il a traînées jusqu’à l’âge de cinq (5)
ans avant de trouver le messie en la personne d’un fondateur de
structure de placement qui a tout pris en charge pour des traitements
sur évacuation sanitaire. En dehors de leur titre de directeur de
structure de placement, ils parviennent toujours pour la plupart à se
faire porter le grade de pasteur ou de fondateur d’une église
chrétienne. Plusieurs églises, principalement dans la communauté des
chrétiens célestes ont construites grâce à la générosité de ses
patrons de placement. Aujourd’hui, les structures de placement sont
celles accordant plus de soutien aux activités culturelles dans les
villes du Bénin. Un agent de sécurité de la brigade anti-criminelle
avoue recevoir régulièrement comme pots-de-vin 100.000 francs Cfa par
agent auprès d’un promoteur de placement d’argent tous les trois jours
qu’ils font la patrouille et passent devant la direction de cette
structure. Aujourd’hui, l’on peut affirmer que les béninois dans leur
grande majorité partagent en commun depuis un moment, ce qu’on appeler
nouvelle religion qu’est le placement d’argent. Partout, c’est le
sujet qui anime les conversations. Comme le cas cité plus haut du
septuagénaire hospitalisé, d’autres dégâts sociaux sont enregistrés du
fait de l’existence aujourd’hui de cette activité. Au marché Dantokpa,
des femmes d’affaires ont cédé leurs places qu’elles avaient
difficilement acquises contre de gros sous qu’elles sont allés
‘’placer’’ dans ces structures et comptent par suite les jours des
semaines et des mois pour se faire payer le rendement. C’en est devenu
la principale activité ou -du moins- la principale source de revenu de
certains foyers qui ne comptent plus que sur le placement d’argent
pour gérer leurs foyers. « Des gens ont abandonné des terres au profit
du placement. De simples vendeuses de riz ont laissé les casseroles
pour se confier au placement. Les ouvriers versent l’argent de
commande dans le système et commencent après par tourner en rond leurs
clients jusqu’à l’échéance de paiement.
Les fonds publics et les hommes politiques aussi appâtés
En attendant de voir la vérité s’éclater d’elle-même, ils sont
nombreux, ces responsables financiers des circuits administratifs qui
ont placé les sous publics dans ces structures et bien souvent avec le
couvert de leurs patrons. Au nombre de ces structures administratives,
se trouvent des communes, des directions administratives, des
structures de projets et bien d’autres institutions insoupçonnées. A
titre d’exemple, une commune a placé 30 millions dans l’une de ces
structures espérant percevoir par trimestre douze (12) millions de
francs Cfa. Au regard de la situation qui prévaut aujourd’hui, les
activités sont désormais au ralenti dans cette commune du fait du non
paiement à l’échéance fixée. A cette liste s’ajoutent les hommes et
personnalités politiques qui font partie des grands clients de ces
structures de placement dans le but de pouvoir battre campagne
aisément lors des prochaines échéances électorales. Un agent d’une
des structures nous confie les noms de certains ministres qui ont
placé leurs sous dans ses boîtes à miracle. Des entrepreneurs
traînent aujourd’hui sur des chantiers parce qu’ils ont placé des
sous perçus au premier règlement et se trouvent surpris par la
difficulté que connaît actuellement ces maisons de placement. La
petite enquête réalisée au niveau des commissariats centraux ces
derniers jours font découvrir que 70% des plaintes reçues dans ces
organes judiciaires sont liées au placement. Les accusations sont
variantes : « Celui que vous voyez assis là est un menuisier qui est
allé placer l’argent d’une commande qu’il a reçue et qu’il n’est pas
parvenu à honorer depuis six mois parce que n’ayant pas pu reprendre
ses sous dans la structure de placement à laquelle il s’est confié
nous informe J. O. un inspecteur du commissariat central de
Porto-novo, dans la capitale du Bénin. Ce dernier nous révèle que
depuis plus d’un mois, il n’y a pas ce jour où une plainte ne soit
pas enregistrée et liée au fameux placement.
Des acteurs dans la défensive malgré la psychose et les révélations
sur le système
Il faut dire que la plupart des clients de ce service rencontrés ont
affirmé que le malaise est profond dans cette maison de placement.
Seulement, une autre frange de la clientèle semble défendre la
structure et convaincre de la fiabilité du système en avançant que
c’est par la suite des campagnes d’intoxication et surtout le 1er
avril où un canular a été monté par certains médias en faisant croire
que ces structures de placement d’argent connaissent des difficultés
au point qu’il est recommandé aux clients d’aller retirer leurs sous
que la panique a gagné les rangs. Les témoins de l’évènement révèlent
que toutes les agences de cette structure ont été prises d’assaut par
des milliers de clients qui, ulcérés par la nouvelle, ne cherchaient
qu’à retirer leurs sous. Ce jour, toutes les agences de cette
structure a été militarisée pour contenir les clients surchauffés.
Pour combattre ce qu’ils ont appelé campagne de dénigrement ou les
agences ont commencé par enregistrer en ruées, des demandes de
résiliation de contrat, la stratégie de communication a été simple :
Des communiqués radio ou de télévision ou bien des marches de soutien
organisées par des populations désintéressées dans le but de faire
croire qu’il s’agit de rumeurs répandues pour saboter leur entreprise.
Le directeur général de Expertises Afrique, une des dernières nées de
cette filière était sur une émission télévisée de la chaîne Canal 3,
le dimanche 23 mai dernier. Sur la question de savoir la base
juridique sur laquelle ils évoluent dans le secteur de placement, il
affirme qu’il y a un vide juridique et qu’il faudrait combler pour
permettre l’opérationnalisation de cette activité dont la couverture
n’est pas encore par acceptée dans les maisons d’assurance. Ce
promoteur, comme pour rassurer les populations au regard des
commentaires que suscite déjà l’arrêt momentané des activités dans
l’une de ces structures de placement, a opéré le paiement par
anticipation des intérêts à ses clients. Pour le directeur de
NTIC-Services, (aussi une structure de placement) les taux variantes
observées sont de pures fantaisies. Il affirme que ceux qui les
pratiquent seront bientôt contraints de revenir aux normes reconnues
universellement. Quant au promoteur de MICC International, il
affirme qu’il y aura toujours placement, tout en ajoutant que c’est le
manque de rigueur qui entraîne la faillite dans certaines structures.
Sans pouvoir trouver d’arguments pour dénoncer ce qui s’est imposé
brusquement aux populations, des béninois ne cessent quand même pas de
se demander comment ces structures arrivent à rentabiliser leurs
activités au regard des taux variablement pratiqués et qui défient de
très loin les structures bancaires de la place. « C’est plus qu’une
magie de proposer un taux d’intérêt de 200% » affirme un banquier dont
la structure bancaire ne dépasse pas les 4,75% comme taux intérêt à
ses clients. Du côté de ces structures de prestation, l’ont affirme
que les sous collectés sont positionnés sur le marché boursier
(trading ou forex). D’autres sources affirment que les acteurs du
système travaillent en partenariat avec de grosses firmes étrangères.
Ailleurs, on parle d’investissement dans le pétrole. Ceux qui veulent
mettre du flou dans leurs explications parlent simplement de
l’e.Business. Autant d’affirmations qui réussissent à convaincre les
chercheurs de gains faciles qui décident finalement de ‘’placer leurs
sous’’ dans ces maisons. Des observateurs bien avertis révèlent sur la
prolifération de ces structures de placement en disant que c’est
profitant des offres alléchantes qui vont jusqu’à 300% de taux
d’intérêt dans certaines maisons, que les petites structures ont
commencé par pousser dans les zones isolées de la ville où ils
fonctionnement par ‘’replacement’’ des sous collectés dans les maisons
aux offres alléchantes pour trouver leur compte. Pour ce qui est du
cas ICC Services, l’on se rend compte que c’est après plus de trois
(3) ans de fonctionnement sans bruit apparent que les grondements ont
commencé. Une source proche de l’agence de Malahoui dans le
département de l’Ouémé de ICC Services témoigne que les problèmes ont
commencé après un audit interne qui a révélé de graves manœuvres de
détournement dont seraient coupables les premiers agents de cette
agence d’où ceux-ci ont quitté pour s’installer à leurs propres
comptes c'est-à-dire, en créant d’autres structures de placement.
Cette affirmation a été battue en brèche par une source bancaire : «
C’est du Ponzi ou si vous voulez, du Madoff. Ils vont bientôt tous
fermer. Seulement, ses arguments paraissent subjectifs compte tenu de
sa position de concurrent vis-à-vis de ces structures. Devant la
polémique, les structures de ICC Services donnent à leurs clients la
date de 07 juin 2010 pour le règlement progressif des paiements. C’est
dire que presque tous les clients sont dans l’expectative jusqu’à
cette pour une éventuelle délivrance. Pour le moment, la plupart des
agences ICC Services sont militarisées contre d’éventuelles
représailles des populations aujourd’hui surchauffées.
L’alerte des professionnels bancaires et des spécialistes des finances
Avant que des difficultés ne commencent par être enregistrées dans
certaines de ces maisons de placement, les experts des questions
monétaires et bancaires n’ont pas gardé pour longtemps le silence.
Gero Amoussouga, doyen de la faculté des sciences de l’économie et de
gestion à l’université d’Abomey-Calavi au Bénin, agrégé en économie
monétaire, président de la cellule d’analyse économique de la
présidence de la République et conseiller du chef de l’Etat interrogé
sur la question refuse de croire, en bon expert monétaire que de tels
taux soient possibles d’être appliqués en arguant que rien ne justifie
l’application desdits taux. Il a fini en avertissant du danger qui
guette la société par rapport à cette activité qui prend de l’ampleur
malgré les difficultés que connaissent actuellement les premiers
acteurs et informe par ailleurs que ces structures n’ont reçu aucune
autorisation de l’Etat qui prend déjà des mesures draconiennes en vue
de les assainir : « Cette pratique pourrait dresser le lit d’ici peu à
l’inflation et à une crise financière sans précédent. » a-t-il
déclaré. Enock Gbian, socio- anthropologue chargé de l’information, de
l’éducation et de la communication à EDUC-Bénin, une ONG spécialisée
en éducation des populations dans la pratique sociale affirme que le
phénomène du placement intervenu depuis quelques années au Bénin
émousse les ardeurs dans le monde des affaires et dans la vie
socio-économique dans son ensemble. « Ce système a imposé la
‘’trésorisation’’ à l’économie béninoise au point où l’argent ne
circule plus créant ainsi un choc social dans le pays » a-t-il
déclaré. Du côté du ministère des finances, c’est l’indifférence au
niveau des services concernés directement par le sujet. Ce n’est qu’au
niveau du ministère de micro finance qu’un cadre qui a requis
l’anonymat nous révèle que des mesures sont en train d’être étudiées
où il sera question de choisir entre décourager la pratique ou faire
établir des règles devant combler le vide juridique dans lequel
évoluent actuellement les acteurs de ce secteur. Les députés du
parlement béninois, à en croire nos sources ne se préoccupent pas
encore de la situation du fait qu’aucune question orale ne soit encore
déposée au secrétariat de cette institution pour lancer le débat sur
la question au sein du législatif. Un député, membre de la commission
des finances rencontré qui a préféré parler en tant que simple citoyen
: « Tout le monde fait ça et ils ont la bénédiction des personnalités
politiques et religieuses du pays ; à l’instant où l’on est avec la
situation, la meilleure manière serait de prier pour que ceux qui sont
en difficulté trouvent les moyens de les résoudre en évitant ce que je
pressent et que je ne souhaite pas pour les populations béninoises. »
a confié ce parlementaire et à une autre membre influente de la
commission des lois de renchérir en disant qu’il s’agit d’une
cavalerie qui se prépare.
Juin, le mois de toutes les révélations et déjà la ruée vers les pays
limitrophes
Pour le moment, tous les clients de ses structures de placement qui
ont de sérieuses difficultés retiennent leur souffle en attendant la
date du 07 juin promis par exemple par ICC Services pour régler ses
clients. C’est aussi dans ce mois que des sources de la Banque
Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) aurait promis
réagir afin de mettre un terme à la pagaille qui s’observe autour des
questions monétaires et de l’économie. C’est dire donc que dans ce
mois, une grande partie de ces structures de placement pourra fermer
boutique lorsqu’elles ne seront pas en mesure de respecter les règles
qui seront établies. Du côté du parlement béninois, les sources
approchées disent attendre la décision de la Bceao pour entrer dans la
danse. Seulement, d’après des recoupements faits, des promoteurs de
cette filière, au vu du regard négatif désormais porté sur le secteur,
mènent déjà des démarches d’exploration d’autres sites au-delà des
frontières béninoises. C’est ainsi qu’on signale au Burkina-Faso, au
Niger, au Mali et au Togo pour la même activité. « C’est ce qu’ils ont
fait en Côte-d’Ivoire avant de se retrouver au Bénin. Il faut que les
gens soient vigilants » averti un ressortissant ivoirien. Malgré
toutes ces révélations, les promoteurs font croire qu’ils apportent
énormément à la croissance économique et à la réduction de la
pauvreté. Devant ces arguments, seules les structures bancaires
territorialement compétentes qui évitent de donner pour le moment leur
position pourront permettre aux populations d’être épargnées de ce
naufrage qui semble se préparer malgré tout.